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le ciel fumeux, dansent sans rayonnement ; dans ce monde de géants. Vulcains modernes où rien ne subsiste plus de l’œuvre de la création qui donne la place à l’œuvre humaine : œuvre mouvante, qui prend toute la place, qui triomphe insolemment dans sa grandeur ou dans sa laideur, qui chasse l’air pur du bon Dieu, qui voile l’azur de son ciel, qui éteint son beau soleil dans la suie et la fumée et remplit l’espace de ces entassements de fer et de pierres ; étranges constructions, entrepôts immenses, hautes maisons de huit à dix étages, tours innombrables, clochers aux silhouettes étranges perdus dans les nuages, bureaux entassés qui s’élèvent à vingt et à trente étages ; « sky-scrapers » enfin qui nous imposent le sentiment de leur grandeur et de leur force ; et au milieu de tout cela, tramways souterrains, aériens et terrestres circulent et voiturent les gens comme en un rêve : et des théories d’hommes d’affaires, d’ouvriers, de femmes courent d’une rue à l’autre, le jour et la nuit, se bousculent d’une voie de tramway à un train de l’« elevated tramway » et d’un train de l’« elevated » à une voie de tramway terrestre puis, s’engouffrent dans les caves d’un « sub-way ». Œuvre de héros, de nouveaux dieux, mille fois plus habiles, avec leurs puissants outils, avec leurs creusets, au milieu du fracas de leurs tonnerres qui secouent des peuples d’ou-