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vriers, que ceux de l’antique Olympe…

Oui, toutes ces images de grandeur et de force effrayèrent un peu Paul.

Peu à peu cependant il se fit à l’aspect général de la cité. Mais ce fut un autre sujet de tristesse et d’effroi quand il se mit à regarder de plus près le monde au milieu duquel il allait vivre ; celui qu’il allait voir de loin sans le connaître, le monde du « High Life » et celui dont il allait faire partie le monde des travailleurs. Adieu alors les joyeuses conversations avec les amis de là-bas, avec les parents, le soir, au foyer et les douces causeries avec Jeanne, la petite amie délaissée ; adieu ce contact réconfortant avec des gens aux mœurs sans fièvre, si simples dans leur langage et leurs habitudes et si francs dans tous leurs actes. Désormais, il n’y a plus pour ses oreilles que des paroles grossières et banales en une langue qu’il ne comprend pas encore bien mais qu’il devine ; pour ses yeux, que des spectacles hideux de misères sans nom…

Et quand il sortira des quartiers de taudis où grouillent les ouvriers et qu’il s’aventurera, en ses promenades, dans les rues fashionables et les centres commerciaux, sa vanité et son orgueil, ne feront que le faire souffrir davantage au milieu de ce monde élégant, porteur de tout ce que la fantaisie peut inventer