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désespérante.

Alors, en face de tous ces insuccès, de cette déveine, le désespoir remplaçait l’espérance caressée la veille. Il lui semblait voir se dresser devant lui un avenir atroce qui l’effrayait…

La vie a deux voies principales : l’une de repos, de détente, de gaieté, d’insouciance légère ; l’autre, d’efforts, de luttes, de gravité et souvent de tristesses. Un métaphysicien dirait qu’elle a deux faces : l’une positive et l’autre négative. Certains êtres prennent tout avec indifférence ou légèreté ; d’autres prennent tout au sérieux. Quelquefois, ces deux modes se confondent ; d’ordinaire, l’un domine l’autre. Or, celui qui domine le plus impérieusement, celui qui est l’essentiel de la vie, c’est le second… Mais, mon Dieu ! que ce côté de la vie est difficile ; de sa vie surtout, à Paul, si courte, mais déjà si longue en espoirs déçus. Il avait cru savoir ce qu’il fallait espérer et il s’est aperçu que ce n’était pas cela du tout ; que tout était peine, lutte et danger… D’autre part, qu’il est cruel le supplice, quand on a l’impatience du jeune âge, d’être réduit à se demander chaque matin, comme Paul : le bonheur inconnu et tant désiré viendra-t-il aujourd’hui ?… La force vient de la vie, c’est vrai : plus une pensée, un sentiment, un amour ont été vécus, plus ils ont d’énergie : mais la fidélité à un espoir caressé, au bonheur qu’on