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ne danse de vers luisants… Ah ! que tout est rayonnant et beau !…

Mais, est-ce un rayon du ciel bleu auréolant d’un dernier reflet d’or l’image aimée qui flottait dans l’âme du jeune homme, ou un ange béni qui, de sa douce présence, irradie sa vision ? Il ne sait, mais : rayon du ciel ou ange de Dieu, qu’importe !… Son imagination ouvre toute grande son aile et s’envole, légère et joyeuse, vers le pays ensoleillé de sa Jeanne, pour la retrouver là, belle et dans toute l’exquise fraîcheur de ses vingt ans… Et ils vont tous deux, leur cœur battant à l’unisson, par des sentiers ombreux, qu’illumine l’éclat de ses beaux yeux. Elle, le sourire aux lèvres, rayonnante et gracieuse, dans toute la troublante beauté dont le printemps de la vie a paré son front vierge de jeune fille ; lui, ému, s’enivrant du bonheur d’être près d’elle, buvant les paroles qui tombent de ses lèvres, se berçant au charme de sa voix, grisé de félicité, l’extase dans les yeux, le paradis dans le cœur… Inoubliable ivresse de pur et chaste amour !… Mais, hélas ! rêve mensonger, sur les débris duquel la réalité, froide, ironique et moqueuse ne tarde pas de tinter son glas funèbre…

Paul a l’air d’un fou au milieu de la rue. Au-dessus de lui la voix chante toujours et elle finit, en ce moment, la vieille ballade ca-