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pas affliger notre pays en donnant à l’étranger l’exubérance de vos jeunes années… Enfants, suivez la profession de vos pères ; ne rougissez pas de mettre la main à la charrue. Cette profession est noble parce qu’elle est aussi ancienne que la créature. Rien n’est meilleur que l’agriculture, rien n’est plus beau, rien n’est plus digne d’un homme libre. Elle suffit amplement aux besoins de notre vie. Toutes les autres professions, mes enfants, ne sont que secondaires ; l’homme n’en aurait pas besoin s’il était toujours resté simple dans ses goûts, modéré dans ses habitudes, sage, juste et en paix avec lui-même. Honneur au paysan ! s’écriait-il avec enthousiasme, honneur au pionnier ! »

Et, lorsque Jacques Pelletier jetait un coup d’œil sur la carte de son pays et qu’il mesurait l’étendue des terres incultes qui pouvaient, une fois défrichées, fournir l’aisance à des milliers de bras, il soupirait et se demandait pourquoi les gouvernements ne facilitaient pas davantage le défrichement du sol : « la colonisation de nos terres, disait-il, provoque une augmentation de la population ; c’est à la fois favoriser l’immigration étrangère et retenir nos enfants au pays. »

« Retenir nos enfants au pays ! » il en revenait toujours là ; comme tous ceux, d’ailleurs, qui aiment la terre, c’était son thème favori.