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Pauvre père, aujourd’hui il lutte contre l’engouement de son temps ; demain, ce sera contre son fils, contre son cher Paul, qu’il sortira ses grands et solides arguments !…

Jacques Pelletier était donc parfaitement heureux en son vieux domaine de la Malbaie, au bord du grand fleuve. Mais, parfois, de sombres pensées, comme d’inquiétants pressentiments, venaient l’assaillir quand, le soir, assis sur le seuil de sa porte, il humait à pleins poumons l’air embaumé, après les rudes labeurs de la journée.

Ces pressentiments mentaient-ils ? Vraiment il faut croire que non, puisque, brusquement, il se fit une déchirure, cruelle, inoubliable, dans ce ciel si pur d’une existence si calme…

On était à la fin de septembre ; les foins étaient rentrés depuis longtemps et la moisson était finie. Un soir, sur le coup de minuit, alors qu’il faisait au dehors une de ces tempêtes de nord-est, si particulièrement redoutables et tristes sur les bords du Saint-Laurent, un voisin, qui revenait de veiller, se précipita dans la porte de la maison de Pelletier en criant le sinistre : au feu ! En un instant, tout le monde qui dormait paisiblement, fut sur pied. Nous renonçons à décrire la scène de consternation qui suivit.

On ne sortit de la maison qu’avec les plus grandes difficultés, chacun emportant une piè-