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mer du fer ou du plomb…

Il y a de tous les genres dans ce monde varié des débardeurs. Outre ces pauvres chercheurs de trésors en rupture de ferme, on y rencontre des trimardeurs de dangereuse espèce souvent, à qui il a pris fantaisie, un bon matin, de se gagner quelques sous honnêtement ; des chemineaux que la faim fait quitter les grandes routes, mais qui continuent quand même, sur les quais, à dormir à la belle étoile, se servant de sacs comme matelas et couvertures ; on y voit même des fils de famille en brouille avec le papa qui a été assez cruel de vouloir les condamner à gagner leur vie dans un bureau quelconque. Nulle part la variété du recrutement n’existe davantage…

Cette vie est rude et peu rémunératrice. Par tous les temps, le débardeur est sur les quais, mouillé par la pluie ou cuit par le soleil. Et pour gagner les quelques sous qu’on lui promet, il lui faut fournir au moins dix heures de travail.

Aussi, bien peu de ces ouvriers meurent dans le métier et l’on s’empresse de le quitter dès qu’on peut, malgré que cette vie au grand air où l’on ne dépend guère que de son caprice fasse que ce métier dur et incertain exerce sur certains caractères un incomparable attrait.

Paul, n’en veut plus, lui, de ce métier de chien ; coûte que coûte, il lui faut d’autre cho-