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don, comme pour toutes les autres peines que je vous ai causées.

Comme vous le savez, il y a déjà un an et demi que je suis aux États-Unis. Je pensais bien quand je vous quittais, qu’après un si long temps, ma position ferait envie à tous mes amis de Bagotville, mais Dieu ne l’a pas voulu, faut croire, puisque ma position actuelle est plus mauvaise encore que celle d’il y a un an. Je suis toujours employé à charger et à décharger les bateaux dans le port, et c’est ce que je ne peux plus endurer. Il faut que cela change absolument, et j’ai décidé de faire autre chose.

C’est ce que j’ai décidé, chers parents, qui va être bien triste pour vous et j’aime autant vous le dire tout de suite.

Dans quelques jours je vais m’embarquer sur un steamer pour m’en aller dans les vieux pays où l’on me dit que je pourrais trouver des chances. Quelquefois ça ne fait pas dans un pays et ça fait dans un autre. On embarque, de ce temps-ci, de grandes quantités d’animaux dans un navire, et je suis engagé avec deux autres compagnons, pour les garder durant la traversée. On appelle cela bouvier. Ça me permettra de ne pas donner d’argent pour payer mon passage.

Je n’ai pas le cœur à rire, c’est vrai, mais c’est drôle tout de même de penser qu’il y a un