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cœur qui batte à l’unisson du sien, de ne connaître que la tristesse, puisqu’il n’a aucune affection, aucune personne pour l’aimer… le mal de fouler aux pieds un sol parsemé pour lui d’épines déchirantes et de ne respirer qu’un air trop lourd à sa poitrine contractée. — Oh ! que ce serait donc bon, alors, d’avoir une épaule amie pour pleurer et un peu d’affection pour se chauffer le cœur !

Comment en est-il donc arrivé à regretter les États-Unis, même ce New-York, où, pourtant, il a tant souffert et où il s’est si follement ennuyé ? Là, au moins, il n’était pas si loin de « chez nous », il n’y avait pas un océan immense qui le séparât des siens. Il lui semble qu’il ne pourra jamais le franchir de nouveau cet océan sans fin. Mais il peut au moins écrire… Écrire ! oui, ce serait un remède à sa douleur. Mais ses lettres, vraiment, se rendront-elles un jour, ou bien, si elles arrivent à la ferme, les sensations qu’elles expriment, les impressions qu’elles racontent ne seront plus les mêmes que celles qu’il ressent au moment où on les lira, ses lettres. Alors, à quoi sert de se décharger le cœur puisque personne, en ce moment, ne peut en recevoir le trop plein !…

— Hé ! l’ami, vous me semblez pour la minute passablement embêté… Êtes-vous libre pour quelques jours ?

C’était à Paul, qui flânait, un matin, sur les