Page:Potvin - Restons chez nous!, 1908.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 214 —

assez d’argent pour retourner au village… Toutes ces réflexions vinrent coup sur coup avec une rapidité électrique ; cela dura à peine deux secondes, puis il répondit à l’officier qui attendait :

— Soit, j’accepte… Je resterai là-bas.

All right ! répondit le galonné. Soyez à bord à midi.

Et il s’éloigna.

Paul sourit ; c’était si facile ce qu’il venait de faire. Comment n’y avait-il pas pensé plus vite ? — se rembarquer sur un navire et retourner à New-York, puis au Canada ; c’était tout simple… Retourner au pays, au village !… oh ! le beau rêve qui allait se réaliser. Il s’y croit déjà. Il y arrivera en automne, sans doute, un de ces jours de mélancolie paisible et exquise, qui sont comme un dernier repos du soleil avant l’hiver… de grandes ondées auront déjà passé sur la terre semée de feuilles mortes et il y aura dans l’air des senteurs de terre et d’herbe mouillée… Pourquoi n’était-il donc pas parti plus vite, encore une fois, et n’avait-il pas mis un terme à ce temps qui avait changé tout dans son existence et qui avait semé tant de tristesse après l’avoir lancé dans l’inconnu ?…

… Le lendemain, après la nuit de son embarquement, ce fut la mer, encore une fois ; la grande mer bleue et verte qui s’en allait se fon-