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fou de fièvre, avec cette netteté étrange que donnent aux mourants les approches de la mort… Tout-à-coup, il entendait la cloche de son village qui sonnait bruyamment l’angélus d’un beau soir, comme celui où il agonise… Puis, tout de suite après, c’était des visions étranges… un site familier d’autrefois, un paysage avec beaucoup d’ombre, une grande nappe d’eau bleue dont les bords ruisselaient avec un doux sanglotement sur un lit pierreux… Encore un son, oh ! combien doux celui-là : c’est un murmure, une voix de femme qui chante une vieille romance avec laquelle sa mère l’endormait jadis quand il était petit enfant… Ô mélancolique petite romance, il la reconnaît, de même que la voix aimée qui la lui murmure durant l’agonie… Oui, c’est bien elle la voix, celle de sa mère, et c’est bien elle aussi, la petite romance ; sa mère la lui avait apprise dans son enfance et il s’en rappelle un peu :… c’est un petit enfant qui meurt et que les anges emportent au ciel, là-haut, tout là-haut, au-dessus du firmament tout bleu ; par le trou d’une étoile, il aperçoit sur la terre, sa pauvre maman qui pleure, qui pleure sur son petit enfant que les anges blancs et d’or sont venus lui arracher ; alors, chantant fort, tant qu’il peut, de sa petite voix de chérubin, il console sa mère, du haut du ciel, sa mère désolée en lui disant combien il est heu-