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vitre et dans laquelle on avait placé une petite madone en plâtre. À partir du mois de mai jusqu’au mois de novembre, croix et statue étaient constamment entourées de pots de fleurs, de verdure et de bouquets fraîchement cueillis ; les premières roses sauvages du mois de mai et les premiers brins de lilas s’épanouissaient aux pieds du Christ et de la Vierge et les premières neiges, souvent, venaient recouvrir les derniers boutons de géranium qui achevaient de se flétrir sous les morsures du froid… Aux beaux soirs de mai, tous les gens du rang, après le souper, se donnaient rendez-vous au pied de la croix ; et là, les jeunes gens et les jeunes filles chantaient des cantiques à Marie :

L’ombre s’étend sur la terre,
Vois tes enfants de retour
À tes pieds, auguste Mère,
Pour t’offrir la fin du jour…

Puis, dans la paix silencieuse de la campagne assoupie, le plus ancien, d’une voix chevrotante, faisait monter au ciel les prières et les supplications du soir qu’accompagnaient, en timides trémolos, sur les arbres voisins, les petites voix déjà ensommeillées des oiseaux…

…C’est un beau soir de mi-juillet. Il fait si calme que de là-bas, du côté du village, on entend les eaux de la baie ruisseler avec un doux sanglotement sur la grève pierreuse. Le