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le clocher de sa paroisse natale ? Nous ferions injure à son patriotisme solide et éclairé en répondant négativement.

Cela remue toujours un peu le cœur de quitter, sans espoir de retour, les vieilles demeures où l’on est né, où l’on a vécu : vieilles bicoques souvent que l’on se passe de génération en génération. Pauvres vieilles habitations, elles s’enrichissent pourtant à mesure des souvenirs des familles qui y ont passé ! Elles vivent, vieillissent avec leurs habitants. Souvent on y change une aile, on ajoute une fenêtre, un étage quelquefois. À ces embellissements s’ajoute la mémoire de leur auteur. Dans les débuts, cette maison était peut-être incommode et de pauvre mine ; elle l’est encore aujourd’hui, n’importe : c’est la maison de la famille, le toit paternel, la « vieille maison » ou plutôt, la « maison de nos gens », comme on l’appelle chez nous… Souvent, de nos jours, ces vieilles maisons paraissent dépaysées en face du spectacle de procédés nouveaux et de nouvelles modes de construction qui passent devant leur vieux visage ; mais elles sont d’un temps, à la campagne surtout, où chaque famille habitait une maison qui était « sa maison »… Aussi bien, dans cette vie simple et sans fièvre du paysan, tout semble participer à l’immutabilité de la vieille maison. Les meubles eux-mêmes ne se re-