grands arbres qui dressaient, au milieu des champs, leur noir squelette sur le ciel gris rayé de vols de corbeaux.
De l’autre côté de la route, la forêt s’étendait et courait jusqu’à l’entrée du village ; ici et à cette saison, elle est changeante et frémissante. Elle se prête pour Paul à tous les états de son cœur et de son esprit… Il y a quelques jours encore, elle avait des havres feuillus, majestueux ; et aujourd’hui, à l’approche de l’hiver, cela s’écarte et plonge dans des abîmes de pierres jaunes et de mousse séchée qui révèlent la dureté de cœur et le désarroi de pensées du mélancolique jeune homme qui longe le grand chemin en cet après-midi d’automne… Oh ! pourquoi ne règne-t-il plus en son âme ce calme, image de celui que reflète, d’autre part, le côté opposé de la route où la plaine s’étend, tranquille, nette, sans chaos !…
— Tiens, bonjour Paul ! mais te voilà donc poète à présent que tu arpentes la route d’un si grand air, la tête dans le ciel et les pieds dans la boue… Ah ! tiens, j’y pense, il faut que je me fende d’un deuxième sermon aujourd’hui ; et tiens-toi ferme, mon petit Paul, tu vas en faire l’objet… vraiment tu ne dois avoir la conscience bien tranquille d’exposer ainsi ton curé à attraper une extinction de voix…