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Bagotville on se prépare à la grande fête. Depuis huit jours, ce qu’elles frottent, astiquent, époussettent et balayent, les vaillantes femmes d’habitants ! Aujourd’hui, les manches retroussées jusqu’aux coudes, elles enfoncent leurs bras dans la pâte jaunâtre et farineuse qui, tout à l’heure, plongée par boulettes, dans la graisse pétillante, va se transformer en de succulents croquignoles, en appétissants beignets ou en rutilants pains de savoie glacés et dorés ou bien poudrés de beau sucre blanc… Les mioches, enfarinés eux-mêmes, sont dans la jubilation et n’ont plus d’yeux que pour la huche et le coffre de bois où s’engouffrent à chaque instant, toutes ces délicieuses choses, qui se conserveront là, jusqu’après les Fêtes !… à moins que les souris ne viennent, avant épuisement complet, faire une descente désastreuse dans ces appétissantes régions…

Ce n’est, à bien dire, que quelques heures avant la messe de minuit que ces importantes opérations sont suspendues et que tout travail cesse. Tout reluit dans la maison, tout est propre, tout sent bon et la gaieté règne partout dans l’expectative de la grande cérémonie nocturne…

Sur la route toute blanche ; dans la nuit sans lune mais remplie de clartés stellaires, dans la campagne ajourée, piquée d’arbres