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canadien, fait à l’automne avec les bleuets de la saison, mousse dans les gros verres à facettes qui brillent gaiement sur la nappe blanche, devant les assiettes à fleurs bleues… Vite à table, encore une fois ! Et dans chaque demeure de Bagotville, comme partout d’ailleurs, à cette heure, on se range autour de la table chargée, en criant Noël ! Noël… et les verres remplis de vin canadien de se choquer d’un côté à l’autre…

Sybarites des salons, enfants pâles des villes, qui vous croyez heureux de vivre douillettement dans vos logis chauffés par d’invisibles calorifères, par la vapeur et le gaz, par le feu sombre du coke et du charbon, ou bien encore par quelque boîte à feu : chouberskis et salamandres ; qui grignotez du bout des lèvres quelques délicates friandises, ne riez pas des bons réveillons d’habitant, devant le gros poêle, où se consument de bonnes grosses bûches de bois franc, au milieu d’un grabat de charbonnailles ardentes, cependant que l’on entend le boudin, la saucisse et l’oie grasse grésiller dans les fourneaux…

Les Fêtes, à la campagne, sont le signal, semble-t-il, du commencement de la série des veillées de l’hiver. Le réveillon de Noël bat la marche…

Les paysans, occupés tout le jour aux rudes travaux du dehors, se réunissent, le soir, chez