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qui ne seront jamais immortelles. Pas de Panthéon pour eux ni de Panathénée ! Tout au plus verra-t-on peut-être, un jour, dans un cimetière, d’humbles croix de bois noir indiquant qu’en dessous dorment des hommes qui ont été parmi les pionniers de la ville, ou du gros village d’où ils sont partis pour ne plus revenir…

Au Témiscamingue, les bouches de la Renommée n’ont pas appris aux aventuriers du monde, que, sur les bords de l’Outaouais, comme blé dans les champs de l’Ouest Canadien, il n’y avait qu’à se baisser pour emplir ses poches de pépites d’or. Les journaux n’ont jamais annoncé qu’un trappeur, un jour, du bout de sa botte avait fait rouler une pépite d’or natif de la grosseur d’un œuf de dinde ; que le bassin de l’ancienne Grande Rivière avait été, en 1906, du jour au lendemain, peuplé d’apprentis richards dont plusieurs avaient fait en une saison de scandaleuses fortunes. Le sous-sol québécois défend souvent très énergiquement son secret. Ne faut-il pas défoncer des pieds de glace avant d’arriver à la terre meuble ou à l’effleurement du roc ? Et alors, les vieux mineurs, livrés à leurs seules ressources, n’ont plus qu’à tirer le diable par la queue. La « paye » n’est pas toujours favorable. Le métier de mineur est rude. Il ne suffit plus aujourd’hui de tamiser les alluvions aurifères ou d’arracher sans trop de travail ni peine le quartz receleur de pierre jaune.