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Les mines d’aujourd’hui, il faut être millionnaires pour les exploiter, et encore, pour ces derniers, il faut des machines électriques, des grues monstres, des défonceurs, des concasseurs, enfin, un matériel du diable qu’ils doivent transporter souvent par des sentiers d’enfer. Sans cela, être mineur, c’est le bagne… En route pour la « terre qui paye », terre du mystère souterrain, de l’or et du cuivre ! Oui, la « terre qui paye », la « pay-dirt ». Qui paye quoi ? La volonté ? La résistance ? Qui paie comment ? Avec l’or arraché aux roches dures ? Avec la rigide beauté des paysages ? avec de l’or ou avec de la mort ? L’un ou l’autre : peut-être l’un et l’autre…

Mais Auguste Renault était un de ces mineurs libertaires d’autrefois qui allaient, venaient, de ci de là, comme des loups de prairie. Il n’avait pas à obéir à l’ingénieur qui représente le syndicat de la ville civilisée.

Nous faisons sa connaissance un jour de l’été de 1939, à Kanasuta, petit hameau du Témiscamingue, à quinze milles de Rouyn. Nous le voyons à la porte de son « shack » posé comme un décor parmi les sapins… Figure d’une grande douceur, patinée par le soleil et les pluies, stratifiée par la chaleur et le froid ; un corps plutôt grêle mais durci par les fatigues et comme immatérialisé par les privations.

Il arriva au Canada en 1885. Il venait de la Normandie et avait passé sa jeunesse fort pau-