« Je partis », nous racontait-il, « le matin du 3 avril 1906, de Ville-Marie par le chemin de la « Roxbury Lumber Co » et fis mon premier arrêt au portage Polson. Là, je m’abritai dans une vieille cabane de sauvage que je croyais abandonnée, mais le propriétaire indien fit bientôt son apparition. En colère, il m’intima l’ordre de déguerpir. Je réussis à le calmer en lui faisant cadeau de quelques petits canifs et miroirs que j’avais conservés de mon ancienne boîte de colporteur et que j’avais apportés avec moi, histoire de jouer avec les sauvages que je rencontrerais le rôle des anciens découvreurs du pays. J’attendis là, à la Baie Atikanog la fin de la débâcle. Je fis, en attendant, un peu de prospection mais en vain. Puis je continuai plus vers le nord, du côté du lac qui porte aujourd’hui mon nom où je me livrai pour de bon au rude travail du piquetage. Mais là aussi je fus en bute aux tracasseries des sauvages qui m’en voulaient d’être le premier blanc à fouler leur territoire de chasse… Puis, un soir, je m’aperçus que ma tente était cernée par les loups ; je ne dormis pas de la nuit que je passai à entretenir un feu pour les éloigner. Il me fallut dans la suite aller coucher tous les soirs dans mon canot que je conduisais dans une petite île où les bêtes ne pouvaient venir. Enfin, à part les dangers de l’eau, la menace des loups, la persécution des indiens, j’eus à combattre les dangers du feu et je faillis