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les voyageurs, en pénétrant dans la Baie des Pères, pouvaient entendre, par temps calme, venant de Ville-Marie, les sons asthmatiques d’un phonographe que l’orfèvre Renault avait installé à la porte de sa boutique et qui transmettait au loin sa cacophonie à l’aide d’un haut-parleur de son invention.

Entre temps, Auguste Renault épousait à Montréal une Canadienne française qui eut soin de son commerce pendant qu’il entreprenait dans le nord ontarien ses premiers travaux de prospection. Il devint veuf après une quinzaine d’années d’un ménage heureux, nous a-t-il confié lui-même. Comme le père Samuel Chapdelaine, il eut pu dire qu’il avait eu une femme « dépareillée ».

C’est, sans doute, au contact des métaux qu’il manipulait dans sa boutique de joaillier de Ville-Marie qu’il sentit naître sa vocation de prospecteur. Et cette vocation, il la suivit avec énergie et persévérance. Une fois lancée à la recherche de la « couleur », rien ne le découragea, ni les insuccès, ni les privations, ni les dangers. Son canot fit naufrage deux fois et, au deuxième, il ne dut la vie qu’au secours apporté par deux garde-forestiers qui le retirèrent d’un lac où il s’enfonçait avec tout son outillage.

Nous ne pouvons résister du désir de rapporter ce qu’il nous dit lui-même des débuts de ses trente-cinq années de prospecteur :