Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 254 —

l’avion désemparé, de rejoindre son pilote. À deux, pensa-t-il, on est mieux pour mourir ; car, maintenant découragé, n’espérant plus aucun secours, il pensait pour de bon mourir.

Ah ! l’atroce calvaire du retour vers l’avion ! À l’approche de la nuit, le froid était devenu plus vif. Maintenant, il lui déchirait la poitrine à chaque inspiration. Il grelottait abominablement sous ses légers vêtements et ses pieds gelèrent malgré les courses forcées qu’il s’imposait pour se réchauffer. Même il ne fit plus que courir, ne voulant plus s’arrêter car il sentait qu’en arrêtant il serait du coup envahi par l’engourdissement. Tout de même, une minute, il s’arrêta pour dégager ses chaussures de la neige qui s’y était infiltrée. Puis il reprit sa marche d’animal blessé… Tout à coup, il se sentit comme écrasé par une fatigue insupportable. À ce moment, il marchait sous la lumière laiteuse de la lune et il avait gagné le lac. Vers la mi-nuit, il trébucha ; tomba à la renverse sur la neige. Meurtri dans ses membres ankylosés, ses pieds, ses mains, toutes ses articulations devenues insensibles, il se sentit tout à coup, après tant de souffrances, comme envahi par un délicieux bien-être. Où était-il exactement ? Il l’ignorait, ne cherchait pas à le savoir… Rester là, dans cette neige douce qu’attiédissait son corps… fermer les yeux… dormir ! Il ferma les paupières… Il vit sa jeune femme qui, dans le douil-