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let intérieur de son hôtel, à Montréal, l’attendait, caressant les têtes bouclées de ses deux fillettes… Elles ne manqueront de rien pendant cet éternel, ce bienheureux sommeil dans la neige du lac Matchi-Manitou et où il va tout oublier. Il peut donc s’étendre tout à son aise, se reposer, dormir… Il voit encore, oh ! si loin, le village de sa Pologne martyrisée, où il est né, où il a vécu les premières années de sa vie. Péniblement, il ouvrit les yeux dont les cils se cerclaient de glace, tourna la tête à droite, et là, là… pas loin, sur la plaine blanche du lac… une masse noire. C’est son avion. Va-t-il pouvoir s’y traîner, y mourir ? Un effort… par une sorte d’automatisme acquis à force de tension têtue… mais qui réveilla toutes les douleurs qui habitaient son corps. Non, plutôt se reposer, dormir ; et, de nouveau, dans le bien-être caressant de l’euphorie, il revit les boucles blondes des fillettes filtrant entre les doigts effilés de la compagne de ses jours tourmentés de prospecteur heureux… Non, elles ne manqueront de rien. De l’argent, de l’or… elles en auront… l’épouse, la douce Canadienne française qu’il a associée à sa vie aventureuse, et les deux blondes fillettes… De l’or !… Oui, tout l’or de l’Île Siscoe qu’il a acquis au large du lac de Montigny et dont il lui semble apercevoir les chevalements sur un fond de forêt vierge, aussi claire-