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naître et pour tout connaître, tout voir ; se rendre compte de tout. Il ne regardait ni ses peines ni ses pas. Une semaine avant l’arrivée de la troupe à Métabec Chouan, Coignac avait fait plusieurs milles, malgré la défense du commandant, pour aller voir par lui-même une nombreuse famille de renards qu’avaient apprivoisés des sauvages…

Toute la nuit, Coignac rêva de sa mine ; et dans ses rêves, les feldspath ondulaient en laves, les quartz coulaient en fleuves jaunes et les micas recouvraient toute la vallée de l’Outaouais…

Le lendemain matin, c’était de nouveau la neige, tombée durant la nuit, qui recouvrait la terre. Les arbres, les rochers, la glace, tout était couvert d’une mince couche, fraîche, duvetée et blanche. L’air était frais et léger. Dans tout ce paysage polaire, on ne voyait que les gueules noires de grottes qu’avait creusées l’eau cascadante de la rivière le long des rochers de l’îlot.

Coignac était tout à la joie ; finie la satanée pluie des jours derniers !

« Commandant, un beau temps, hein, pour aller à la mine ! » cria-t-il dès qu’à la fine pointe de l’aube, il sortit de sa tente, les yeux encore ensommeillés.

Pierre de Troyes, matinal, à la porte de la maison de la Compagnie, humait avec délice l’air tonifiant de ce matin nordique.