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« Après la messe, Coignac, je te l’ai dit, après la messe, nous irons à ta mine…

Tout le monde levé, le Père Silvie avait dit sa messe dans la maison de la Compagnie sur un autel de fortune, en forme de tombeau. Puis il avait fait une courte allocution sur l’évangile du jour. Tous les matins, depuis le départ de Montréal, il en avait été ainsi. Le souffle de l’Évangile passait par cette route sauvage et déserte. Puis, après la messe, les hommes s’égaillèrent un peu partout, les uns dans l’île, les autres traversant sur la terre ferme à la chasse au gibier.

Les outardes et les oies sauvages couvraient les bords de la rivière et du lac. Ces oiseaux, mis à la broche, fournissaient aux hommes d’excellents rôtis. Et l’on continuait de recevoir des paquets et des paquets de peaux de bêtes. Quelle variété, quelle richesse dans ces fourrures qui s’entassaient dans les magasins ! martres noires, renards noirs, zibelines, visons, loutres, loups au poil fin, les plus beaux castors du monde qui fournissaient, dûment catalogués et tarifiés, diverses espèces de fourrures : le gras d’hiver et le gras d’été suivant la saison où l’animal avait été tué, et qui différaient du sec d’hiver et du sec d’été en ce qu’ils avaient été portés et, de cette façon « engraissés » par les sauvages qui s’en couvraient le corps, laissant la peau s’imbiber de leurs sueurs. Et c’était toute une affaire pour