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ceux qui étaient préposés à la charge de dresser l’inventaire de ces peaux de bêtes…

Dehors, une petite brume estompait les contours de l’île, de la terre ferme et embuait l’horizon. Tout était sonore comme dans une chambre vide. Bientôt le soleil perça la brume ; et ce fut la promesse d’un beau jour de printemps dont le rayonnement devait tempérer la morosité du paysage. De chaque côté de l’île, la voix des rapides roulait une plainte incessante. Au bord du lac, à terre, le paysage semblait plus léger, plus aéré. Des fumées s’élevaient ici et là. Tout au bord, des petits bouleaux aux lignes fantasques, effeuillés, ressemblaient à des cierges affaissés…

Mais tout ce paysage est fort indifférent à Coignac. Il ne veut pas manquer cette belle journée qui se prépare. Aussi, ne cesse-t-il de tourner autour du chevalier de Troyes occupé avec ses officiers à des réparations à l’attirail des campements. Il a préparé un canot, des provisions pour au moins sept heures. Enfin, le commandant l’aperçoit :

« Nous partons, mon cher Coignac, nous partons… »

Et, en effet, ils partirent, en route pour la rive opposée du lac. La traversée fut plus longue qu’ils s’y attendaient. Il fallut contourner des banquises qui flottaient encore ici et là, au