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Un peu plus tard, Philémon Wright put trouver autant d’hommes qu’il voulait pour l’accompagner dans sa tentative de coloniser ce coin obscur de la vallée outaouaisienne.

La courte description que l’on vient de lire de cette partie de l’Outaouais pourrait être celle de toute la vallée de l’historique rivière. Depuis les aventureuses expéditions des de Troyes, des d’Iberville et des de Maricourt, la vallée outaouaisienne avait jalousement gardé les mystères de sa farouche solitude. Pendant plus d’un siècle et demi, aucune trace de civilisation. Le bruit solennel des chutes, comme celles de la Chaudière, les hurlements du vent dans les frondaisons, le concert perpétuel des oiseaux, les cris et les appels des bêtes fauves avaient seuls troublé l’écho sauvage de ces lieux.

Mais, au commencement du siècle dernier, à ces concerts éternels de la nature vint s’ajouter le bruit des coups redoublés de la cognée des hommes que Philémon Wright était allé chercher un peu partout pour ouvrir à l’industrie ce formidable massif forestier qui s’étendait, peut-on dire, des portes de Montréal à la poche immense que forme la Baie James, fin nord.

Puis, plus tard, beaucoup plus tard, et plus loin dans la vallée, au son de la hache frappant les arbres séculaires, dont la chute faisait trembler le sol, s’ajouta celui du pic du prospecteur creusant la terre rocheuse.