Page:Pouchkine - Boris Godounov, trad Baranoff, 1927.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jure ! Je jure aussi qu’en aucun lieu, jamais, ni dans un festin, ni dans l’ivresse, ni dans des confidences amicales, ni sous la hache, ni dans les souffrances du plus cruel supplice, jamais ma langue ne trahira cet effrayant secret ; j’en fais ici le serment !

MARINA

Tu jures ? Donc je dois te croire. Et j’ai confiance. Mais sur quoi jures-tu ? Jures-tu sur Dieu, comme un disciple des Jésuites ? Ou sur l’honneur d’un noble chevalier ? Ou bien jures-tu sur ta parole de tsar comme fils du tsar Ivan ? Réponds !


L’IMPOSTEUR, (avec fierté.)

C’est l’ombre du tsar Ivan qui m’a légitimé ; elle me nomma Dimitri, du fond de son tombeau ; c’est elle qui, sous mes pas, a soulevé les peuples ; c’est elle qui désigna Boris comme ma victime ! Je suis le tsarewitch ! Suffit ! J’ai honte de m’humilier ainsi devant une Polonaise orgueilleuse. Adieu à tout jamais ! Bientôt la guerre sanglante et les soucis nombreux de mon orageux destin étoufferont en moi l’amour qui me torture ! Oh ! comme je saurai te haïr lorsque cette honteuse passion sera éteinte ! Adieu, je pars ; la mort ou la couronne m’attendent