oies criardes se dirige vers le sud. Une saison assez triste approche : novembre est à la porte.
L’aurore n’apparaît plus qu’entourée de froids brouillards. Le bruit des travaux a cessé dans la campagne. Le loup sort sur la grande route avec sa louve affamée : le coursier, qui flaire son approche, fait entendre ses hennissements, et le prudent voyageur galope à toute bride vers la montagne. Voilà que le berger ne fait plus sortir son troupeau dès le matin ; il ne le rassemble plus à midi au son de la corne retentissante. La jeune paysanne file en chantant dans son isba[1], et la loutchinka[2] pétille devant elle.
La neige craque sous nos pieds, et la gelée argente nos champs. Mieux que le parquet d’un salon brille notre rivière glacée. Voyez-vous une bande joyeuse d’enfants du peuple qui fendent la glace de leurs patins ? Une oie se traîne lourdement sur ses pattes rouges ; elle croit nager dans l’eau ; elle s’avance pas à pas, glisse et tombe en criant.