santé jusqu’à présent, dans son désert philosophique,
Zaretsky, jadis personnage turbulent, hetman d’une
bande de joueurs passionnés, chef de vauriens,
tribun des restaurants et des cafés, maintenant
bon et simple père de famille, ami sûr, paisible
propriétaire et même honnête homme. — Ainsi
notre siècle va se corrigeant.
Il était renommé pour son adresse au tir ; il touchait
d’une balle un as placé à cinq sagènes[1]. Il faut dire aussi, qu’un jour, il s’était distingué sur
un champ de bataille, car il tomba dans la boue de
dessus son cheval kalmouk, dans un état complet
d’ivresse, et resta aux mains des Français comme
un précieux otage. Nouveau Régulus, esclave de la
foi jurée, il serait volontiers retourné à Paris,
reprendre ses fers ; à Paris où il buvait, tous les
matins à crédit, trois bouteilles chez Véry.
Jadis, il maniait agréablement la raillerie, savait berner un sot, mystifier même à merveille un homme d’esprit. — Ses tours, pourtant, ne passaient pas toujours sans leçon ; en plus d’une circonstance
- ↑ La sagène équivaut à deux mètres.