court au jeune homme, le regarde, l’appelle…
mais en vain. Il n’est plus ! Le jeune poète est
mort avant le temps ! L’orage a soufflé, la fleur
s’est fanée dès l’aurore, le feu sacré s’est éteint sur
l’autel !
Il était là, immobile, étendu par terre. La paix
qui se reflétait sur son front livide était étrange et
effrayante. La balle avait traversé le cœur, et le
sang coulait à flots de la blessure. Il n’y a qu’un
moment, l’inspiration, le ressentiment, l’amour et
l’espérance faisaient battre ce cœur ! Il n’y a qu’un
moment, il était tout plein de vie, le sang y bouillonnait.
— Et maintenant, tout est triste, tout est
sombre. Il s’est tu pour jamais ! Comme dans une
maison déserte, dont les volets sont fermés et les
vitres blanchies de craie, la maîtresse du logis est
absente !… Où est-elle ?… Dieu seul le sait ; ses
traces mêmes ont disparu !…
C’est un plaisir de piquer un ennemi par une audacieuse épigramme ; c’est un plaisir de le surprendre se regardant au miroir, avec toutes ses laideurs, sans se reconnaître. C’est un plaisir plus grand encore, s’il s’écrie bêtement : C’est moi !