Oisifs, sages, philosophes épicuriens, heureux
indifférents, enfants de l’école de Levchine[1], et
vous, Priams villageois, et vous, dames délicates,
le printemps vous appelle à la campagne ! Voici le
temps des fleurs et du tiède soleil ; voici le temps
du travail, des promenades et des nuits enchanteresses.
Aux champs, amis ! Vite, vite, en voiture !
prenez des chevaux de poste, montez en équipage
de toute espèce, mais quittez, quittez la ville.
Et vous, bienveillant lecteur, prenez votre calèche, quittez la cité turbulente où vous vous êtes amusé pendant l’hiver. Suivez ma muse fantasque, allons ensemble écouter les mille bruits de la forêt qui surplombe une rivière sans nom ; gagnons la campagne où mon Eugène vivait naguère en anachorète, dans la tristesse et l’oisiveté.
L’hiver dernier, il était encore le voisin de
Tatiana, mon aimable visionnaire. Maintenant il a
disparu, laissant après lui des traces douloureuses.
Au milieu du demi-cercle formé par ces mon-
- ↑ Auteur de plusieurs ouvrages dont la plupart traitaient de l’agriculture.