oisive indolence, sans emploi, sans femme, sans
affaires, impuissant à s’intéresser à quoi que ce fût.
Une inquiète activité s’était emparée de lui : à
tout prix il fallut changer de place (état pénible et
qui, grâce à Dieu, n’est subi que par très-peu de
gens). Il quitta son domaine, ses champs et ses
bois où une ombre ensanglantée surgissait sans
cesse devant ses yeux ; et, dominé toujours par le
même sentiment, il se mit à voyager. Les voyages
l’ennuyèrent comme tout le reste ; alors il revient,
et, comme Tchatski[1], au sortir du vaisseau il
tombe dans un bal.
À ce moment, la foule s’agitait, et dans tout le salon courait un murmure inaccoutumé… Une femme venait d’entrer et s’approchait de la maîtresse de la maison : un grave général l’accompagnait. Cette femme n’affectait ni froideur, ni vivacité, ni coquetterie ; son regard ne provoquait pas l’admiration ; elle plaisait sans avoir aucune prétention au succès, sans employer une seule de
- ↑ Héros d’une comédie connue de Griboiédof qui a pour titre : Le malheur d’avoir trop d’esprit.