Il nourrissait les doutes de son cœur par de douces
rêveries ; le but de notre existence était à ses
yeux une séduisante énigme, à laquelle il se plaisait
à donner des solutions imaginaires et grandioses.
Il croyait qu’une âme sœur devait s’unir à son
âme, et qu’elle se consumait tristement dans une
attente de chaque jour. Il croyait à l’existence
d’amis qui accepteraient des fers pour la défense
de son honneur, et briseraient, sans hésitation et
sans trouble, le vase de la calomnie. Il croyait que
la Providence consacrait pour le dévouement et
l’amitié des cœurs choisis dont la phalange lumineuse
nous entourerait de sa clarté et nous apporterait
un bonheur nouveau.
L’indignation, la pitié, l’amour désintéressé du bien, le désir inquiet de la gloire avaient de bonne heure agité sa vie. Poète-pélerin à travers la patrie de Schiller et de Gœthe, il s’enflamma à la chaleur de leurs accents. Il eut le bonheur de ne jamais faire rougir la muse ; il conserva fièrement dans ses chants le culte des sentiments élevés, les élans d’une imagination virginale, et le charme d’une naïve simplicité.