Jadis elle écrivait avec son sang dans les albums
de ses jeunes amies ; elle changeait le nom de
Prascovie en celui plus élégant de Pauline ; elle
parlait en traînant chaque syllabe, portait un corset
très-étroit et donnait à l’n russe le son nasillard de
l’n français. Mais bientôt tout fut changé ; album,
corset, princesse Pauline, recueil de poésies sentimentales,
tout fut oublié. Elle appela Akoulka[1] la
Céline d’autrefois, et enfin elle alla jusqu’à endosser
la robe de chambre ouatée et mettre le bonnet de
drap.
Son mari l’aimait de tout son cœur. Il ne contrariait jamais ses projets, ne s’occupait de rien, la croyait en tout, et vêtu lui-même de la robe de chambre, il passait son existence paisible à boire et à manger. De temps en temps, une honorable famille du voisinage venait faire visite ; alors on donnait carrière aux lamentations, aux médisances, on riait un peu de tout, et le temps s’envolait. Olga versait le thé ; enfin arrivait l’heure du souper et le moment de se livrer au repos, et la compagnie quittait le salon.
- ↑ La traduction russe de Jacqueline est Akoulina, et Akoulka n’est employé que parmi le peuple.