Je voulus me retourner, mais je n’en eus pas la force.
« Où suis-je ? Qui est ici ? » dis-je avec effort.
Marie Ivanovna s’approcha de mon lit, et se pencha doucement sur moi.
« Comment vous sentez-vous ? me dit-elle.
– Bien, grâce à Dieu, répondis-je d’une voix faible. C’est vous, Marie Ivanovna ; dites-moi… »
Je ne pus achever. Savéliitch poussa un cri, la joie se peignit sur son visage.
« Il revient à lui, il revient à lui, répétait-il ; grâces te soient rendues, Seigneur ! Mon père Piotr Andréitch, m’as-tu fait assez peur ? quatre jours ! c’est facile à dire… »
Marie Ivanovna l’interrompit.
« Ne lui parle pas trop, Savéliitch, dit-elle : il est encore bien faible. »
Elle sortit et ferma la porte avec précaution. Je me sentais agité de pensées confuses. J’étais donc dans la maison du commandant, puisque Marie Ivanovna pouvait entrer dans ma chambre ! Je voulus interroger Savéliitch ; mais le vieillard hocha la tête et se boucha les oreilles. Je fermai les yeux avec mécontentement, et m’endormis bientôt.
En m’éveillant, j’appelai Savéliitch ; mais, au lieu de lui, je vis devant moi Maria Ivanovna. Elle me salua de sa douce voix. Je ne puis exprimer la sensation délicieuse qui me pénétra dans ce moment. Je saisis sa main et la serrai avec transport en l’arrosant de mes larmes. Marie ne la retirait pas…, et tout à coup je sentis sur ma joue l’impression humide et brûlante de ses lèvres. Un feu rapide parcourut tout mon être.
« Chère bonne Marie Ivanovna, lui dis-je, soyez ma femme, consentez à mon bonheur. »
Elle reprit sa raison :
« Au non du ciel, calmez-vous, me dit-elle en ôtant sa