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Page:Pouchkine - La Fille du capitaine, 1901.djvu/86

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Marie Ivanovna n’avait pu s’éloigner me glaça de terreur. Je donnai à la hâte quelques instructions au caporal, et courus chez le commandant.

Il commençait à faire jour. Je descendais rapidement la rue, lorsque je m’entendis appeler par quelqu’un. Je m’arrêtai.

« Où allez-vous ? oserais-je vous demander, me dit Ivan Ignatiitch en me rattrapant ; Ivan Kouzmitch est sur le rempart, et m’envoie vous chercher. Le Pougatch est arrivé.

– Marie Ivanovna est-elle partie ? demandai-je avec un tremblement intérieur.

– Elle n’en a pas eu le temps, répondit Ivan Ignatiitch, la route d’Orenbourg est coupée, la forteresse entourée. Cela va mal, Piôtr Andréitch. »

Nous nous rendîmes sur le rempart, petite hauteur formée par la nature et fortifiée d’une palissade. La garnison s’y trouvait sous les armes. On y avait traîné le canon dès la veille. Le commandant marchait de long en large devant sa petite troupe ; l’approche du danger avait rendu au vieux guerrier une vigueur extraordinaire. Dans la steppe, et peu loin de la forteresse, se voyaient une vingtaine de cavaliers qui semblaient être des Cosaques ; mais parmi eux se trouvaient quelques Bachkirs, qu’il était facile de reconnaître à leurs bonnets et à leurs carquois. Le commandant parcourait les rangs de la petite armée, en disant aux soldats : « Voyons, enfants, montrons-nous bien aujourd’hui pour notre mère l’impératrice, et faisons voir à tout le monde que nous sommes des gens braves, fidèles à nos serments. »

Les soldats témoignèrent à grands cris de leur bonne volonté.