sent à le perpétuer ; au contraire, à la Bourse du Travail, parce que les opinions sont une préoccupation insignifiante, tout concourt à développer l’embryon de la société nouvelle qui se substituera au capitalisme. C’est cet antagonisme que marquent les conflits entre les municipalités et les Bourses du Travail ; il y a discordance complète de points de vue et d’intérêts entre ces deux organismes, — discordance qui ne tient pas aux opinions, encore une fois, puisque des municipalités de toutes opinions ont persécuté des Bourses du Travail.
C’est par besoin, faute de ressources suffisantes, que les organisations ouvrières acceptaient ou demandaient les subventions municipales ; mais, à l’épreuve, elles ont compris à quels dangers les expose cette tutelle et elles ont manœuvré pour s’en libérer. Il s’est constitué d’abord des Unions de Syndicats, vivant à côté de la Bourse du Travail, quelquefois même dans le local municipal. Il y a alors une juxtaposition d’organismes qui prête à un peu de confusion : la Bourse du Travail et l’Union des Syndicats s’entrelacent, administrées quelquefois par les mêmes hommes. Mais l’Union des Syndicats est alors un organisme moralement autonome, pouvant faire sa propagande sans se préoccuper si cela plaît ou non à la municipalité, et la Bourse du Travail n’est plus qu’un local ou tout au plus un organisme inférieur. Quand cette situation se présente, la Confédération du Travail s’affilie l’Union des Syndicats et non la Bourse du Travail.
Cette semi-indépendance est encore trop précaire ; aussi, de plus en plus, les Unions locales tendent à se libérer de tout subventionnisme, en s’installant dans des locaux à elles. Cette pleine autonomie, qui est en passe de se réaliser, —