l’autre conception, découlait la collaboration des classes, substituée à la lutte de classe, pierre angulaire du syndicalisme.
Cette orientation déviatrice et pacifiste, qui est en voie d’extinction, les pouvoirs publics cherchent à la revivifier, par des mesures législatives qui tendent à subordonner les syndicats à l’État, à restreindre leur champ d’activité et à parlementariser leur action. Dans cet ordre a été institué le « Conseil supérieur du Travail », où siègent des élus ouvriers et patronaux, avec pour fonction de « mâcher » les lois ouvrières au Parlement, — qui, la plupart du temps, n’avale pas cette pâtée. Le gouvernement avait aussi institué des « Conseils du Travail » qui n’ont jamais fonctionné d’ailleurs, et où délégués ouvriers et patronaux auraient solutionné les conflits économiques ; de même, encore, il songe à octroyer aux syndicats la capacité juridique et commerciale, espérant les entraîner sur le terrain capitaliste où les appétits mercantiles et financiers leur feraient oublier la lutte de classe ; un autre projet de même ordre est la réglementation des grèves par l’arbitrage obligatoire, qui n’aurait d’autre conséquence que d’énerver la résistance ouvrière et d’étrangler le droit de grève.
L’accueil fait dans les milieux ouvriers à ces projets de réaction syndicale n’est pas pour enchanter le gouvernement : les travailleurs ont percé à jour son machiavélisme et ils refusent énergiquement les cadeaux qu’on rêve de leur octroyer. La tendance révolutionnaire n’a donc pu être enrayée et il apparaît, de plus en plus, à la classe ouvrière, qu’il n’y a pas d’autre solution aux conflits économiques que celle résultant du choc des deux forces en présence.