dehors, n’en est pas moins efficace. À la tactique de la pénétration, qui entraînerait la classe ouvrière à faire, fatalement, acte de « parti », il oppose et préfère la tactique de la pression extérieure qui dresse le prolétariat en bloc de « classe » sur le terrain économique.
Cette tactique de la pression extérieure engendre les mouvements de masse — qui sont une combinaison des modes d’action partielle, grève, boycottage, sabotage, — prodromes de la réalisation de la grève générale expropriatrice et qui en soulevant, en unanime protestation, tout ou partie de la classe ouvrière contre les pouvoirs publics, obligent ceux-ci à tenir compte des volontés prolétariennes.
Un des plus caractéristiques de ces mouvements de masse a été, en 1903-1904, la campagne contre les bureaux de placement qui, après deux mois d’agitation grandissante, a amené le Parlement à sanctionner légalement la suppression de ces officines, — ce que, depuis vingt ans, malgré pétitions et réclamations pacifiques, il s’était obstiné à refuser.
C’est encore des mêmes notions d’action de masse et de pression extérieure qu’a découlé la campagne d’agitation pour les huit heures qui, dans le plan législatif, a obligé le Parlement — grâce aux grandioses manifestations de Mai 1906, — à légiférer sur le repos hebdomadaire. Et la relation de cause à effet est, en la circonstance, on ne peut plus tangible : le vote et la promulgation de cette loi suivent de quelques semaines le 1er Mai et, qui plus est, il faut remarquer que le Sénat était, quelques mois auparavant, en grande majorité opposé à une législation sur le repos hebdomadaire ; s’il s’y est résolu, c’est qu’il a été emporté par le mouvement, c’est qu’il s’est modifié sous la répercussion de la pression extérieure des syndicats.