Ainsi, la classe ouvrière ne borne pas son action à lutter directement contre le patron, elle lutte aussi, — et toujours directement, c’est-à-dire, sans recourir au parlementarisme, au système de la participation à l’œuvre gouvernementale, par voie de « personnes interposées », — contre l’État, qui est l’expression défensive du patronat et, par cela même en est le souteneur obligé. Aussi, l’action ouvrière, outre les assauts qu’elle donne au pouvoir, dans le but de le faire reculer, vise-t-elle en même temps à amoindrir sa force oppressive, — et ce, jusqu’à disparition complète.
V
LA GRÈVE GÉNÉRALE
Le mode d’action qui permettra à la classe ouvrière de mener à bien cette œuvre, — qui est celle de l’émancipation intégrale, — est l’aboutissant logique de son groupement sur le terrain économique et des conceptions qui s’en dégagent : il a son expression dans l’idée de Grève Générale.
La grève générale est la cassure matérielle entre le prolétariat et la bourgeoisie, qu’a précédée la cassure morale et idéologique par l’affirmation de l’autonomie de la classe ouvrière. Celle-ci, après avoir proclamé qu’elle porte en elle tous les éléments réels de la vie sociale, ayant acquis la vigueur et la conscience nécessaires pour imposer ses volontés, passera à l’acte, se refusant à produire pour la classe bourgeoise, — et cette révolte décisive sera la Grève Générale.
Ce refus de continuer la production dans le plan capitaliste ne sera pas purement négatif ; il sera concomittant à