général et non prévue, c’est à elle qu’il en est référé. Les décisions de l’assemblée générale sont souveraines et valables quel que soit le nombre des membres présents. En cela se manifeste la divergence de principe qui met aux deux pôles le démocratisme et le syndicalisme. Le premier est la manifestation des majorités inconscientes, qui, par le jeu du suffrage universel, font bloc pour étouffer les minorités conscientes, en vertu du dogme de la souveraineté populaire. À cette souveraineté, le syndicalisme oppose les droits des individus et il tient seulement compte des volontés exprimées par eux. Si les volontés manifestées sont peu nombreuses, c’est regrettable, mais ce n’est pas une raison pour les annihiler sous le poids mort des inconsciences ; il considère donc que les indifférents, par le seul fait qu’ils ont négligé de formuler leur volonté, n’ont qu’à acquiescer aux décisions prises. Et cela est d’autant plus normal qu’ils se sont enlevé tout droit de critique, par leur apathie et leur résignation.
La besogne du syndicat qui prime toutes les autres et qui lui donne son véritable caractère d’organisme de combat social est une besogne de lutte de classe ; elle est de résistance et d’éducation. Le syndicat veille aux intérêts professionnels, non pas spécialement de ses membres, mais de l’ensemble de la corporation ; par son action, il tient en respect le patron, réfrène ses insatiables désirs d’exploitation, revendique un mieux-être toujours plus considérable, se préoccupe des conditions d’hygiène dans la production, etc. Outre cette besogne quotidienne, il a souci de ne pas négliger l’œuvre éducatrice qui consiste à préparer la mentalité des travailleurs à une transformation sociale éliminant le patronat.
Les besognes au jour le jour auxquelles le syndicat fait face sont de deux ordres : appui mutuel et résistance ; ainsi