Page:Pouget - Le sabotage, 1911.djvu/36

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Ce « schampoing » endolorit la peinture de la boutique et le patron profitant de la leçon reçue devient plus accommodant.

Il y a environ 2 300 boutiques de coiffeurs à Paris, sur lesquelles, durant la campagne de badigeonnage, 2 000 au moins ont été badigeonnées une fois… sinon plusieurs. L’Ouvrier coiffeur, l’organe syndical de la Fédération des coiffeurs a estimé approximativement à 200 000 francs les pertes financières occasionnées aux patrons par le procédé du badigeonnage.

Les ouvriers coiffeurs sont enchantés de leur méthode et ils ne sont nullement disposés à l’abandonner. Elle a fait ses preuves, disent-ils, et ils lui attribuent une valeur moralisatrice qu’ils affirment supérieure à toute sanction légale.

Le badigeonnage, comme tous les bons procédés de sabotage s’attaque donc à la caisse patronale et la tête des clients n’a rien à en redouter.

Les militants ouvriers insistent fort sur ce caractère spécifique du sabotage qui est de frapper le patron et non le consommateur. Seulement, ils ont à vaincre le parti-pris de la presse capitaliste qui dénature leur thèse à plaisir en présentant le sabotage comme dangereux pour les consommateurs principalement.

On n’a pas oublié l’émotion que soulevèrent, il y a quelques années, les racontars de quotidiens, à propos du pain au verre pilé. Les syndicalistes s’évertuaient à déclarer que mettre du verre pilé dans le pain serait un acte odieux, stupidement criminel et que les ouvriers boulangers n’avaient jamais eu semblable pensée. Or, malgré les dénégations et les démentis, le mensonge se répandait, se rééditait et, naturellement, indisposait contre