meuble qu’ils viennent de terminer, ordonnées par l’entrepreneur et à son profit : murs manquant d’épaisseur, emploi de mauvais matériaux, couches de peinture escamotées, etc.
« Bouche ouverte », également, lorsque les ouvriers du métro dénoncent à grand fracas les criminels vices de construction des tunnels ;
« Bouche ouverte », aussi, quand les garçons épiciers pour amener à composition les maisons réfractaires à leur revendications ont avisé, par voies d’affiches, les ménagères des trucs et filouteries du métier ;
« Bouche ouverte », encore, les placards des préparateurs en pharmacie — en lutte pour la fermeture à 9 heures du soir — dénonçant le coupable sabotage des malades par des patrons insoucieux.
Et c’est de même à la pratique de la « bouche ouverte » qu’ont décidé de recourir les employés des maisons de Banque et de Bourse. Dans une assemblée générale, tenue en juillet dernier, le syndicat de ces employés a adopté un ordre du jour menaçant les patrons, s’ils font la sourde oreille aux revendications présentées, de rompre le silence professionnel et de révéler au public tout ce qui se passe dans les cavernes de voleurs que sont les maisons de finance.
Ici, une question se pose :
Que vont dire de la « bouche ouverte » les pointilleux et tatillons moralistes qui condamnent le sabotage au nom de la morale ?
Auxquels des deux, patrons ou employés, vont aller leurs anathèmes ?
Aux patrons, escrocs, spoliateurs, empoisonneurs, etc., qui entendent associer leurs employés à leur indignité, les rendre complices de leurs délits, de leurs crimes ?