Page:Pouget - Le sabotage, 1911.djvu/48

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fécondait leur effort. Par ces moyens, ils évitent la trahison des inconscients et les empêchent de pactiser avec l’ennemi en reprenant le travail mal à propos.

Il y a une autre raison à cette tactique : ainsi que l’ont noté les citoyens Bousquet et Renault, les grévistes n’ont pas que les renégats à craindre ; ils doivent aussi se méfier de l’armée.

En effet, il devient de plus en plus d’usage capitaliste de substituer aux grévistes la main d’œuvre militaire. Ainsi, dès qu’il est question d’une grève de boulangers, d’électriciens, de travailleurs des Chemins de Fer, etc., le gouvernement à énerver la grève et à la rendre inutile et sans objet en remplaçant les grévistes par les soldats.

C’est au point que, pour remplacer les électriciens, par exemple, le gouvernement a dressé un corps de soldats du génie, auxquels on a appris le fonctionnement des machines génératrices d’électricité, ainsi que la manipulation des appareils et qui sont toujours prêts à accourir prendre la place des ouvriers de l’industrie électrique au premier symptôme de grève.

Il est donc de lumineuse évidence que si les grévistes, qui connaissent les intentions du gouvernement, négligent, — avant de suspendre le travail, — de parer à cette intervention militaire, en la rendant impossible et inefficace, ils sont vaincus d’avance.

Prévoyant le péril, les ouvriers qui vont engager la lutte seraient inexcusables de ne pas y obéir. Ils n’y manqueront pas !

Mais alors il arrive qu’on les accuse de vandalisme et qu’on blâme et flétrit leur irrespect de la machine.