Page:Pouget - Le sabotage, 1911.djvu/5

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sont battus en partie double. Lyon a eu ses trois jours, mais tout est rentré dans l’ordre, et le canut dans son taudis.

Le canut, probe jusque là, rendant en étoffe la soie qu’on lui pesait en bottes, a mis la probité à la porte en songeant que les négociants le victimaient, et a mis de l’huile à ses doigts : il a rendu poids pour poids, mais il a vendu la soie représentée par l’huile, et le commerce des soieries a été infesté d’étoffes graissées, ce qui aurait pu entraîner la perte de Lyon et celle d’une branche du commerce français… Les troubles ont donc produit les « gros de Naples » à quarante sous l’aune…

Balzac a soin de souligner que le sabotage des canuts fut une représaille de victimes. En vendant la « gratte » que, dans le tissage ils avaient remplacés par l’huile, ils se vengeaient des fabricants féroces,… de ces fabricants qui avaient promis aux ouvriers de la Croix-Rousse de leur donner des baïonnettes à manger, au lieu de pain… et qui ne tinrent que trop promesse !

Mais, peut-il se présenter un cas où le sabotage ne soit pas une représaille ? Est-ce qu’en effet, à l’origine de tout acte de sabotage, par conséquent le précédent, ne se révèle pas l’acte d’exploitation ?

Or, celui-ci, dans quelques conditions particulières qu’il se manifeste, n’engendre-t-il pas, — et ne légitime-t-il pas aussi, — tous les gestes de révolte, quels qu’ils soient ?

Ceci nous ramène donc à notre affirmation première : le sabotage est aussi vieux que l’exploitation humaine !

Il n’est d’ailleurs pas circonscrit aux frontières de chez nous. En effet, dans son actuelle formulation théorique, il est une importation anglaise.

Le sabotage est connu et pratiqué outre Manche