— Voici.
— Veuillez me donner votre signature.
— Avec plaisir. Un encrier.
— Je n’en ai malheureusement pas.
— Alors, comment puis-je signer ?
Et l’employé, placide et imperturbable de répondre :
— Je crois qu’au buffet…
Le correspondant d’un grand journal parisien narra, à l’époque, son burlesque voyage au temps d’obstruction :
Je me fis conduire à la gare des Termini (à Rome), où j’arrivai juste à l’heure du départ réglementaire du train Civita-Vecchia, Gênes, Turin et Modane. Je me présentai au guichet, qui était libre.
Suis-je encore à temps pour le train de Gènes ? demandai-je à l’employé.
Celui-ci me regarde un moment d’un air étonné ; puis il me répond avec flegme, en scandant les syllabes :
Certainement, le train de Gênes n’est pas encore parti.
Donnez-moi donc un billet d’aller et retour pour Civita-Vecchia, dis-je en lui passant ma monnaie comptée à l’avance.
L’employé prend ma monnaie, observe minutieusement et une à une chaque pièce, chaque sou ; il les palpe, les fait sonner pour les vérifier, le tout avec une lenteur telle que je lui dis, feignant l’impatience :
Mais vous allez me faire manquer mon train !
Bah ! Votre train ne part pas encore…
Comment ! comment ! fis-je.
Oui… On dit qu’il y a une petite chose de détraquée dans la machine.
Eh bien ! on la changera !
Chi lo sa ? …