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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/103

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IDYLLE SAPHIQUE

j’ai été attirée par ton charme… Ta perversité m’effraie et me repousse… Elle me ramène trop à ce qui est mon métier. Tu m’as ouvert des horizons… tu as semblé comprendre ce qui se passe en moi. Je t’aime doucement, ma chérie, sans rien de pernicieux… Tes paroles me bercent étrangement. Je suis bien plus, bien mieux à toi ainsi qu’autrement, puis, tu le vois, je suis là… agis selon ta volonté, je n’essaierai plus de me défendre, mais n’avilis pas le tendre sentiment que je ressens pour toi. Je ne te mens pas, Flossie… elle avait des larmes dans les yeux… tout ce qui est amour bestial me tue. Tu ne me comprends pas ?… Cela t’éloigne ? Ah ! moi qui croyais déjà en toi ! Fais-moi t’aimer, amène-moi alors à tout ce que tu veux. Oui, tu me l’avais promis… Ni surprise, ni obéissance !… Je veux être sincère et spontanée avec toi, Flossie, et non soumise ni menteuse ainsi que tous les jours et avec tous les autres !

Flossie se taisait toujours et pleurait. Elle appuya sa tête sur l’épaule d’Annhine et toutes deux confondirent leur chagrin. Lorsqu’elle put parler, parmi les soupirs et les pleurs :

— Oh ! Nhinon, ma Nhinon ! Je ne t’en aime que davantage, heureuse du trésor que tu me livres… je suis à ta merci, fais de moi ce que tu voudras. Toujours et toute l’éternité, je serai ton amie, ta sœur d’âme… Mais ce passé, ce passé qui revient !… Ah ! pourrai-je jamais te pardonner de t’être tant