Aller au contenu

Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
IDYLLE SAPHIQUE

rait contre lui, en désir… embrasse-moi doublement alors, puisque je suis gentil…

Elle se dégagea :

— Ah ! non ! tu sais, un seul baiser c’est déjà trop, puisque « j’ai failli attendre ».

— À propos, j’oubliais… Dis-moi, Nhine, j’ai rencontré une étrange personne qui sortait de chez toi alors que j’y entrais. Tu ne l’as sans doute pas reçue, cette visiteuse matinale ? Elle semblait bizarre et était drôlement attifée. Elle m’a dévisagé. Une drôle de petite femme avec une figure rose et des mèches folles ébouriffées de tous les côtés.

Annhine mentit hardiment :

— Ce n’est rien ! C’est une protégée de Tesse, elle vend des fleurs… des fleurs artificielles… puis, coupant court : Ah ! tu sais, moi aussi maintenant, j’ai un petit protégé… et elle se mit à lui raconter sa visite de la veille à la rue des Trois-Frères.

Pressé par l’heure de la Bourse, il fut obligé de s’en aller très tôt.

Dès qu’il fut parti elle sonna Ernesta et lui fit immédiatement téléphoner chez le bijoutier qui devait être prévenu qu’on allait se présenter chez lui de la part de Mme de Lys et régler pour la deuxième fois les bijoux envoyés la veille Boulevard Malesherbes.

— Dites-lui bien qu’il me renvoie l’argent, cria-t-elle… Ah, Bon Dieu ! toujours obligée de mentir… de jouer la comédie… de subir des caresses insipides et non désirées ?… et Nhine soupirait en