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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/126

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IDYLLE SAPHIQUE

figure, en tous cas ? Cette femme a l’air hagard, hystérique, le vrai type de la femme fatale. Je ne l’ai encore jamais vue ici ?

— Tu ne m’embrasses même pas ?… reprocha Nhine d’un ton plaintif… tu t’occupes de cette inconnue bien plus que de moi, méchante…

— C’est vrai, chérie, tu as raison, mais c’est à toi que tout cela se reporte… Qu’as-tu, ma jolie ? Je te vois pâle. Est-ce un faux jour ? Elle l’entraîna près de la fenêtre, écarta un peu les stores rosés et l’examina avec soin. Mais oui, tu es très pâle… tes traits sont tirés… tes yeux las… tu n’es pas bien, Nhine.

— Je ne sais pas. En effet… je me sens faible, drôle, je ne sais pas ce que j’ai… je suis lasse, nerveuse, je voudrais toujours dormir…

— Tu es surmenée, sais-tu, Nhinette… et puis… elle la menaça du doigt gentiment, souriante : Est-ce qu’on dit bien tout à sa grande amie ?

— Mais oui, murmura faiblement Nhine.

— Ah ! ah ! fit Altesse sans vouloir insister, j’aperçois de belles choses : les deux convoitises d’hier. Henri s’est donc exécuté.

— J’ai suivi tes conseils, ma Tesse, tu vois… elle vint près d’elle lui montrer les deux objets… c’est joli, hein ? Oh ! et puis je vais te raconter. Nous… c’est-à-dire je suis allée chez tes pauvres gens.

— Avec Henri ?… Tu as dit « nous », d’abord !… Et