Aller au contenu

Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
IDYLLE SAPHIQUE

d’Henri… À propos, tu te souviens que nous dînons ce soir tous les quatre à la Maison-Dorée ?

— Oui, dit Nhine, je le sais, mais ne leur dis rien encore. Nous partirons, plus tard… plus tard, je te le promets. Ah ! ne crains donc rien, ma Tesse !… elle prit ses mains dans les siennes et les pressa doucement, mais évitant son regard, confuse, comme si elle eût voulu cacher le fond de sa pensée. Elle prend tout au tragique, décidément, cette pauvre Tesse… elle est trop sage, se disait-elle. Flûte ! cria-t-elle tout haut. Tout m’embête, tout. Je ne te dirai plus rien puisque tu me sermonnes ainsi, et elle éclata en sanglots, nerveuse, crispée, ayant besoin de cette crise, salutaire et calmante.

— Ma Nhine, ma Nhinette ! Et Altesse l’embrassa sur la peau blanche de son cou qui paraissait à travers la dentelle du peignoir, tu vois pourtant que j’ai raison, tes nerfs sont tendus. Pleure, ma jolie… cela te fera du bien,… et Tesse secouait la tête, impassible en apparence, mais déjà le cœur serré par une poignante angoisse.

— Pour une petite chose imprévue… qui m’amuse et qui… m’intéresse… moins banalement… que… tout le reste… tu… me grondes… tu veux… m’emmener… et ces hommes… Ah ! ma chaîne ! mon boulet ! Ils me refusent tout… et Nhine parlait par saccades, entre de gros soupirs… tout… ce qui… me plaît… Ah !… m… ! m… ! m… !

— Ma petite fée, tu me fais l’effet de cette prin-